Être un exemple pour les jeunes

"Les jeunes ont besoin d'être sensibilisés et éduqués. C'est pour cela, que nous aussi en tant que jeune, nous montrons l'exemple" : Anoya, Diégo Suarez 

Anoya, une jeune femme de 25 ans, un peu discrète mais très à l'écoute et attentive s'est ouverte à nous pour nous raconter un épisode de sa vie qui l'a profondément marqué. Ça s'est passé quand elle avait 15 ans, dans sa ville, à Antsiranana. Tard dans la soirée, des bandes de jeunes rivaux se sont attaquées dans son quartier. Les jeunes se sont battus et disputés en se lançant des pierres entre eux. La scène était horrible, beaucoup ont été blessés. Les jeunes se sont même pris aux passants et aux parents qui voulaient les arrêter. Ils ont même brisé les pare-brise des voitures qui s'y garaient. Ils étaient fous de rage, agressifs et violents. Personne n'osait se mettre sur leur chemin.

Avec un air déçu, Anoya nous confie :

"Vous savez, les jeunes entre quartiers se battent pour rien. Il n'y a pas forcément de raison à cela. Ils se haïssent et se battent lorsqu'ils se rencontrent".

 

Cet événement a traumatisé Anoya, elle le raconte encore comme si ça s'était passé hier. 

DES PARENTS IMPUISSANTS...

 

Face à cette agressivité, l'on décerne aussi la terreur et le désarroi des parents. Ils ne sont ni respectés, ni écoutés et laissés de côté. Anoya raconte :

"Ce soir-là, les parents, n'osaient rien faire, ils avaient eux aussi peur pour leurs enfants. Ils étaient aussi perdus que nous. De plus, même si les grandes personnes intervenaient, les jeunes n'en faisaient qu'à leur tête. Quand un parent intervenait pour stopper la bagarre, les jeunes le menaçaient en disant "Agnao vonoiko fa 'zah tsy zanaka agnao" (je vais te tuer, je ne suis pas ton enfant)". C'est pour cela que les parents avaient eux aussi peur."

 

MONTRER L'EXEMPLE, DEVENIR SOI-MEME LE MESSAGER DE LA PAIX

Anoya souligne l'importance de l'éducation par les pairs et la sensibilisation à travers les activités culturelles et sportives comme moyen efficace pour guider les jeunes délinquants dans le droit chemin.

 "Les jeunes manquent de repères, de loisirs, de centre d'intérêt, de plus ils consomment énormément de drogues comme le khat" (un genre de plante euphorisante et stimulante).

Pour soutenir et sensibiliser les jeunes de son quartier, Anoya, a intégré l’Association SOLIDAIRE, une association de jeunes locale. En 2021, l'association Solidaire, figure parmi les bénéficiaires de la formation sur la communication sensible aux conflits, le renforcement du leadership des jeunes, la lutte contre la délinquance juvénile, la recherche d'emploi et l'entrepreneuriat organisée par TKI.

"Notre présidente au sein de l'Association nous a motivés et avec elle, nous avons initié des sensibilisations pour les jeunes. Nous avons surtout ciblé les jeunes foroches* afin de les guider vers le droit chemin. Nous voulions leur donner une seconde chance pour qu'ils aient un meilleur avenir. Avec TKI, nous avions ainsi véhiculé intensément des messages clés tels que la nécessité de responsabiliser tout un chacun, de prendre en compte tous les points de vue, et de savoir écouter les autres. Actuellement, ces jeunes sont conscients de la nécessité de sortir du cercle de la violence dans laquelle ils vivaient auparavant et adoptent un comportement favorisant le respect mutuel pour une meilleure harmonie de leur communauté. La majorité de ces jeunes a trouvé de l'emploi."

(*des jeunes délinquants urbains, constitués en bandes).

 

UN TEMPS RÉVOLU…

"Ce soir, à l'occasion de la célébration de la fête nationale, il y a le podium. Je vais y aller. Je me sens rassurée non seulement parce qu'il y a les forces de l'ordre aux alentours mais aussi parce que maintenant les jeunes ne se battent plus aussi violemment qu'avant... Certes, il y a encore des petites bagarres et disputes mais rien de bien grave comme avant. De plus, les jeunes de Diégo aiment sortir et faire la fête...cela renforce les liens".

 

Anoya termine son récit en nous disant avec un grand sourire "Maintenant, je n’ai pas peur de sortir de chez moi. Ce soir je vais partir voir le podium en ville (rire)"

Afin de soutenir ses efforts dans la sensibilisation des jeunes, Anoya a bénéficié en juin dernier, d'une formation en communication digitale sensible aux conflits. L'objectif est d'éduquer les jeunes pour un savoir communiquer et se comporter sur la toile.

 

PRÉVENTION DE LA VIOLENCE

Tokotany Iraisana s'efforce d'équiper Anoya ainsi que d'autres jeunes comme elle de compétences en communication non violente afin qu'ils puissent aussi devenir des ambassadeurs de la paix au sein de leur communauté.

À travers ses formations, TKI renforce les capacités de ces jeunes en matière de compétences pour la vie, pour la culture de non-violence et de vivre ensemble ainsi si que pour la socialisation positive de filles et garçons.

Pour faciliter les échanges, TKI a développé un guide pratique pour la recherche d'emploi, l'entrepreneuriat et l'approche terrain d'entente. Cette activité entre dans le cadre du projet de « prévention de la violence, de la délinquance juvénile et de l’insécurité dans la filière vanille », mis en œuvre en partenariat avec l’UNFPA et financé par l’UN Peacebuilding Fund.